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BOLOGNA FERROVIA 30 12-93 6-S
Monsieur Gust Vermeylen
81 Rue Pachéco,
Bruxelles
Belgio
BRUXELLES 1 1 JANV 1893 9-M
 
Cher Gust,
J'ai eu la corvée aujourd'hui de devoir écrire un certain nombre de lettres de nouvel an, ce qui est diablement "κυλ". Aussi vais-je m'en consoler en causant quelque temps avec toi.
Ta lettre m'est arrivée aujourd'hui soir seulement, ce dont je ne m'étais pas trop inquiété, car ma mère m'avait écrit que tu avais une cousine à piloter ce qui est évidemment une occupation encombrante. Tu ne m'as pas l'air gai en cette fin d'année, cher vieux: tu sembles "celui d'à bout de tout". C'est vrai que quand on regarde bien attentivement la vie on reconnaît que ce n'est pas précisément quelque chose de bien attrayant ni de bien beau: et certes dans ta vie il n'y a pas mal de sujets de tristesse ou d'ennui, même au point de vue idéal. — Et cependant il me semble que tu as en toi tant de force de résistance et une si réelle valeur — l'énergie de pensées puissantes tendant à se réaliser — que la conscience de cela me semble devoir être le meilleur soutien dans les crises. Tu es en général bien plus ferme que moi: aussi ne puis-je rien t'offrir d'autre que la consolation de mon amitié pour toi, laquelle amitié est solide celle-là je t'assure et ne fait que s'accroître à mesure que je reconnais davantage la rareté de l'amitié vraie. De tous ceux que j'avais cru pouvoir considérer comme amis dans diverses périodes de ma vie tu es aujourd'hui le seul qui reste.
Puisque nous parlons d'amitiés défuntes, je te dirai que j'ai reçu une seule fois des nouvelles de Robert[1] depuis que je suis revenu [2] ici: il ne m'apprenait rien de bien nouveau du reste. Il est au laboratoire de Julin et a l'air de s'enthousiasmer pour l'embryologie et autres "logies" diverses. Ainsi soit-il!
— J'ai passé toute la fin de la semaine dernière & le commencement de celle-ci ou à l'amphithéâtre ou en compagnie de ce brave Agostino lequel me devient de jour en jour plus sympathique. Décidément je garderai tout de même une relation avec l'Italie quand je la quitterai: il ne sera pas dit que plus rien ne m'y rattachera.
Les jours de Noël il y a pas mal d'animation ici, une animation de ville de province s'entend. On fait le Pavaglione dans tous les sens: assez bien de jolies femmes en toilette. On rentre pour manger du poisson, de l'anguille spécialement & pour bouffer solidement en célébrant la fin de l'Avent et le commencement du Carnaval. — A ce propos une parenthèse: nos vacances de Noël durent jusqu'au 10 janvier — celles de carnaval commenceront vers le 20 ou le 25: donc une quinzaine de jours de cours au plus! —
Lundi soir Alfred & Hermann sont rentrés de voyage, pressés par le manque d'argent, Alfred ayant fait des dépenses excessives dans une fabrique de dentelles à Venise. Ils semblent contents de leur excursion: ils ont eu du reste de très beau temps à Venise, & même très doux pour la saison — du brouillard & de la pluie au contraire au lac de Garde. — Alfred veut du reste t'écrire quelques mots & les joindre à ma lettre; je suppose qu'il te résumera ses impressions.
La journée d'avant-hier a été marquée par un grand embêtement: nous avons dû subir un grrrand dîner chez notre compatriote le docteur Bruers. Il y faisait idiot. Je ne te décrirai pas ce dîner dont le souvenir m'embête, bien qu'il soit d'un assez haut grotesque. En tous cas j'ai vu là un type de bourgeois épique, le beau[-]frère du docteur, un vieil ingénieur: un de ces individus qui ne savent rien et naturellement parlent de tout avec un aplomb qui déconcert. Il a déclaré entre autres belles choses que les Français n'étaient pas sérieux, que c'était un peuple déchu qui ne produisait plus rien, — que Napoléon III ne voulait pas la guerre avec l'Allemagne et qu'on l'avait maltraité d'une façon tout à fait injuste; — puis comme on parlait de musique il a déclaré que lui allait au théâtre pour se divertir, qu'il voulait entendre de belles mélodies, qu'il se moquait pas mal d'entendre comme dans Wagner un orchestre composé de 40 contrebasses [3] (sic!) 100 violons, etc[.] Moi, je me suis tenu absolument coi: je n'ai rien dit, j'ai écouté & j'ai contemplé calmement "le Front serein de la Bêtise humaine"[.] Il y avait au dîner du champagne pas trop mauvais, chose exceptionnelle en Italie, et après le dîner de bonnes cigarettes égyptiennes: voilà mes deux seules bonnes impressions. — Bien! ma plume n'en parlons plus!
— J'ai resongé aux trois sonnets sur Sappho que j'avais envie de faire comme je te l'ai dit cet été. Je n'en ai en effet pas rêvé le sujet: c'était bien un souvenir. Voir à ce propos Al Aaraaf dans les Poèmes d'E[dgar] Poe. "... de lys, tels ceux qui lèvent leur tête sur le beau cap Dencato, et qui se dressèrent si impatiement pour arrêter les pas fuyants de celle qui aima un mortel & mourut ainsi..." Mais je me sens joliment rouillé en ce qui concerne le vers.
— A propos de littérature, tu n'as plus besoin de chercher où a été publiée la traduction de l'Innocente (sous le titre de l'Intrus): c'est chez Calmann Lévy.[2] La Tavola rotonda a consacré un de ses numéros tout entier au d'Annunzio. Ce numéro m'est tombé — presque malheureusement disais-je — entre les mains: et j'y ai appris que cet "Innocente" avait eu un succès boeuf en France (ce que nous avait du reste dit Van de Velde, te souvient-tu, une après-midi au "Globe"?). J'y ai lu toutes sortes d'articles élogieux de revues & journaux français... ce qui m'oblige à étudier sérieusement et beaucoup plus profondément l'oeuvre du d'Annunzio que je n'en avais l'envie et me met sur les bras 10 jours de besogne supplémentaire. Je me suis commandé l'Innocente que j'avais lu, mais une seule fois & sans prendre assez de notes pour que cela puisse me suffire.
Samedi 30 après-midi
Je reprends ma lettre interrompue hier soir par le besoin de m'en aller dormir. Je n'ai plus grand'chose à te raconter du reste. J'ai été au laboratoire aujourd'hui encore — Après quoi j'ai dû servir pendant une heure de traducteur au professeur pour des textes allemands qu'il ne comprenait pas (voilà de ces corvées que vous procure la connaissance des langues modernes!) Et enfin me voici débarrassé pour deux ou trois jours de corvées — sauf à devoir en subir d'autres: visite officielle aux administrateurs et autres blagues.
Ce que tu m'écris de Lodewijk ne m'étonne nullement. C'est le moment [4] de s'écrier: "il y a des types qu'a pas d'pudeur!" Il avait encore des livres appartenant au collège: il les a renvoyés, mais sans payer le port! — Alfred ne l'appelle plus que "ladro" — Et l'illustre, ventripotent & charcutieresque Truchard est décidé quand il reviendra à Bruxelles à "ne pas manquer" le dit Lodewijk.
Cher vieux zig — j'ai le cerveau mou, je suis abruti & je dois encore écrire une lettre de nouvel an. Tout cela fait que je te quitte en t'embrassant fraternellement & en te souhaitant de ne pas trop t'embêter le jour de l'an qui est un des plus embêtants de l'année — par définition: ceci sera au moins un souhait inédit —
Ton Giacomo
P[ost Scriptum] A propos des difficultés qui pourraient empêcher ta venue à Bologne,[3] elles consistent surtout en ce que cette place vacante sera très connue & je connais même dès maintenant 3 candidats outre toi. — Mais ce n'est pas insurmontable.

Annotations

[1] Robert Legros.

Register

Naam - persoon

Altmeyer, Maria Hortense (° Brussel, 1842-11-20 - ✝ Elsene, 1896-10-16)

Huisvrouw.

Echtgenote van Alfred Auguste Ernest Dwelshauvers , en jongste dochter van Jean Jacques Altmeyer. Ter verduidelijking: twee broers Dwelshauvers huwden dus met de twee zusters Altmeyer.

Annunzio, Gabriele D' (° Francavilla a Mare, 1863 - ✝ Gardone, 1938)

Politicus en schrijver.

Bruers, Emmanuel (° Schaarbeek, 1846-07-21 - ✝ Bologna,)

Arts.

Vertrok in 1865 naar Bologna, waar hij vijf jaar medicijnen studeerde. Was in 1892 hoofd van de kraamafdeling in het ziekenhuis van Bologna. Verwierf de Italiaanse nationaliteit. Uit zijn huwelijk met Pia, een Italiaanse, werden een dochter, Paolina, en twee zonen, Antonino en Gothardo, geboren.

Dwelshauvers, (Jean) Jacques (° Brussel, 1872-07-09 - ✝ Montmaur-en-Diois (Drôme), 1940-11-14)

Kunsthistoricus en militant anarchist.

Broer van Georges Dwelshauvers en gezel van Clara Köttlitz, met wie hij in 1897 een vrij huwelijk aanging. Deed beloftevolle studies aan het Koninklijk Atheneum Brussel (afd. Latijn-Grieks), waar hij A.Vermeylen leerde kennen. Studeerde 1890-92 natuurwetenschappen aan de ULB (diploma van kandidaat in juli 1892). Met een beurs van de Jacobsstichting vatte hij in oktober 1892 studies in de medicijnen aan te Bologna, samen met de latere geneesheren Herman Köttlitz en Alfred Walravens. Hij verliet Bologna in 1897, zonder de hele cyclus te hebben beëindigd.

In hetzelfde jaar begonnen de eerste strubbelingen met Gust Vermeylen, i.v.m. diens huwelijk met Gaby Brouhon en de strekking en inhoud van Van Nu en Straks. Het jaar daarop maakte hij een nieuwe reis naar Bologna en Bergamo. In het voorjaar van 1899 trok hij met Clara naar Firenze, waar hij zich voortaan geheel aan kunsthistorisch onderzoek wijdde, geboeid door de figuur van Botticelli en de kuituur van het Quattrocento. Hij zou in Firenze ook nog de toelating hebben gevraagd zich voor de eindexamens geneeskunde aan te bieden, maar legde die nooit af. Zijn verblijf in en om Firenze (afwisselend te Calamecca en te Castello), dat tot 1906 duurde, werd regelmatig onderbroken voor reizen naar het thuisland, en naar Parijs.

In 1899 werd te Antwerpen trouwens zijn zoon Lorenzo (Jean-Jacques Erasme Laurent) geboren (op de akte tekende o.m. Emmanuel de Bom als getuige), en het gezin was er officieel ingeschreven aan de Montebellostraat 3 tot 1906. In dat jaar, verhuisden zij naar Colombes bij Parijs (Boulevard Gambetta 46, niet-geregistreerde verblijfplaats). Dwelshauvers, die zich intussen Mesnil noemde (naar twee dorpjes bij Dinant, de geboortestad van zijn vaders familie), onderhield er nauwe contacten met de anarchistische en internationalistische beweging. Hij verdiende de kost met het schrijven van reisgidsen, eerst bij Hachette (o.a. de Guide Joanne - na W.O.I Guide Bleu - over Noord-Italië), nadien bij Baedeker.

Tussen 1910 en 1914 vestigde het gezin Mesnil zich te Alfort bij Parijs, waar - gezien zijn moeilijkheden met de geheime politie - evenmin een officiële inschrijving werd genoteerd. Jacques Mesnil stierf in niet opgehelderde omstandigheden te Montmaur, waar zijn zoon toen zou hebben gewoond; hij leed toen al enkele jaren aan een hart- en nierziekte waarvoor hij o.m. door dokter Schamelhout werd behandeld. Behalve aan Van Nu en Straks werkte hij nog mee aan Mercure de France, La société nouvelle, Ontwaking, Onze kunst, Revista d'Arte, Gazette des beaux arts, Burlington Magazine, de Parijse krant L'Humanité en het Italiaanse Avanti. Een bibliografie kan men terugvinden in de geciteerde bronnen.

Julin, Charles (° Lièges, 1857-12-17 - ✝ Chokier (thans Flémalle-Haute), 1930-02-05)

Geneesheer.

Was aan de faculteit geneeskunde van de UEL achtereenvolgens gastdocent ('chargé de cours') anatomie (31/12/1888), gastdocent histologie (08/12/1894), gewoon hoogleraar (30/09/1896), professor emeritus (17/12/1927).

Koettlitz, Hermann (° Brussel, 1871-11-09 - ✝ Ukkel, 1950-03-27)

Geneesheer-chirurg.

Broer van Clara en Eugène Köttlitz. Studiegenoot van Frits Sano, Jacques Mesnil en A.Vermeylen aan de ULB. Verbleef ook met J.Dwelshauvers en A.Walravens vijf jaar (1892 tot 1896) in Bologna als beursstudent van de Jean Jacobsstichting. Promoveerde in 1908 te Brussel tot 'docteur spécial en sciences medico-chirurgicales'.

Legros, René Robert (° Barvaux, 1872-11-05 - ✝ Barvaux, 1933-07-29)

Geneesheer.

Liep school op het Athénée Royal van Luik en, van de vierde Latijnse tot de retorica, op het Brusselse Atheneum, waar hij bevriend raakte met o.m. A.Vermeylen, J.Dwelshauvers en L.de Raet. Studeerde nadien geneeskunde aan de UEL (1890-1897). Publiceerde verzen in de Almanach des étudiants. Almanach de l'Université libre de Bruxelles (1891).

Marta, Agostino

? - ?

Voorlopig niets teruggevonden.

Raet, Lodewijk De (° Brussel, 1870-02-17 - ✝ Vorst (Brussel), 1914-11-24)

Economist.

Studiegenoot van A.Vermeylen en J.Dwelshauvers op het Brussels Atheneum en aan de ULB, medestudent van J.Dwelshauvers, A.Walravens en H.Köttlitz in het Collegio dei Fiammenghi in Bologna (J.Jacobsstichting) in 1892-1893.

Truchard, ?

? - ?

Voorlopig niet teruggevonden.

Velde, Henry Clemens Van De (° Antwerpen, 1863-04-02 - ✝ Zürich, 1957-10-25)

Architect, schilder, sierkunstenaar en essayist. Medeoprichter van Van Nu en Straks. In 1894 gehuwd met Maria Sèthe.

Vermeylen, August. (° Brussel, 1872-05-12 - ✝ Ukkel, 1945-01-10)

Hoogleraar, kunsthistoricus en schrijver. Medeoprichter van Van Nu en Straks. Gehuwd met Gabrielle Josephine Pauline Brouhon op 21/09/1897.

Walravens, Alfred (° Tubize, 1872-11-15 - °)

Geneesheer.

Leerling aan het Brusselse atheneum met o.a. Vermeylen, De Raet, Dwelshauvers en Legros. Studiegenoot van J.Dwelshauvers, H.Koetlitz en A.Vermeylen aan de ULB. Verbleef van 1892 tot 1896 in Bologna met een Jacobsbeurs.

Titel - krant/tijdschrift

Tavola Rotonda

? - ?

Voorlopig niet teruggevonden.