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BOLOGNA FERROVIA 20 12-93 11-S
BRUXELLES 1 22 [DECE] 1893 8-M
Monsieur Gust Vermeylen,
81 Rue Pachéco,
Bruxelles.
Belgio.
 
Ta lettre, que je reçois ce matin, n'est pas gaie mon pauvre Gust! Je comprends combien tous ces ennuis en famille doivent t'agacer & t'énerver. Je voudrais être là pour te réconforter autant que j'en serais capable. Tu vois bien par toi[-]même qu'il ne serait pas mauvais que tu viennes à Bologne passer quelques années. Si l'on ne s'amuse pas précisément ici, la vie est calme & propice à toute méditation. — Comme je voudrais t'avoir auprès de moi! Mais quand je considère toutes les difficultés qui se présenteront, ça me donne le frisson. N'espérons pas trop dans ce sens[-]là, & considérons[-]le comme une rare fortune, si nous réussissons jamais.[1]
Il s'est passé ici assez bien d'évènements pendant la semaine, événements se restreignant du reste au domaine restreint du collège. Tu seras peut-être surpris d'apprendre que pour le moment je suis seul ici, absolument seul. — Alfred & Hermann sont partis hier soir. Alfred en avait tellement assez de Bologne qu'il éprouvait le besoin nécessaire de s'élargir quelque peu à l'air libre, sentiment que je comprends & partage: & ils sont filés "subito presto" sans hésiter pour Vérone, le lac de Garde, Padoue & Venise, un petit voyage d'une semaine, pour se remettre. — Je crois t'avoir dit que moi aussi j'avais eu l'envie de filer pendant ces vacances, — vers le Sud, ce qui eût été beaucoup plus juste que de s'en aller vers le Nord en cette saison-ci. Des évènements extérieurs sont venus affermir mais retarder mon projet: notre brave ami Agostino[2] est revenu de Rome ayant réussi son examen & ayant obtenu une place d'employé à l'administration de la marine (traitement environ 2000 frs pour commencer, [2] ce qui est déjà bien en Italie). Il devra quitter Bologne dans le courant du mois prochain & sera plus que probablement envoyé à Naples. Ce qui fait que je pourrais aller là aux vacances de Carnaval dans des conditions agréables & avantageuses. — Tu vas me demander ce que devient au milieu de tout cela mon voyage à Varsovie.[3] En premier lieu je crois qu'il est compatible, pécuniairement parlant avec le voyage à Naples susnommé, — d'autre part, si mes dispositions restent les mêmes qu'elles sont à ce moment, il faudrait très peu de chose pour que je lâche tout net le dit voyage. — Tu me parles dans ta lettre de grands et vastes projets de voyage que tu as pour les vacances prochaines: ça me tente excessivement, de voyager avec toi, comme tu le comprendras aisément. — Enfin! je suis un peu dans la position de l'âne de Buridan, entre diverses pitances qui me tentent pareillement & je n'ai malheureusement pas la ressource de les avaler toutes ensemble, n'ayant pas assez d'argent pour cela!
— Me voilà donc seul pour toute une semaine & je n'en suis pas trop mécontent. Cela apporte un peu d'imprévu dans la vie. C'est étonnant comme effet de ne plus entendre Alfred se manifester bruyamment. Ce silence, ce calme de toutes les heures je n'y suis point habitué ici. Tu sais que je n'ai jamais redouté la solitude, je l'aime au contraire — & ce qui l'interrompt ici m'est rarement plaisant. Je dois avouer de plus que cette solitude pour le moment est fort restreinte et mes méditations demeurent courtes. Toute cette semaine je passe 3 heures par jour à tailler dans de la chair morte: de 11 heures à 2 heures je suis à l'amphithéâtre; avant cette heure je n'ai guère le temps que de déjeuner et d'étudier un peu d'anatomie. Après 2 heures je rentre ici avec mon compagnon de travail à qui j'ai entrepris d'apprendre l'allemand; puis je me premène un peu; il est quatre ou cinq heures lorsque je suis libre. C'est bientôt l'heure de dîner — Après dîner Agostino vient généralement .... & voilà comme quoi je n'ai presque pas d'heures que je puisse employer sérieusement. J'ai juste le temps de lire un peu et d'écrire mes lettres hebdomadaires. J'aspire quasi à voir finir les vacances. L'anatomie me scie plus carrément que jamais. Je ne deviendrai jamais un chirurgien distingué.
— Noël approche: c'est une grande fête ici comme en Allemagne. Les étalages des magasins deviennent à cette occasion de plus mauvais goût que jamais. — Des domestiques de toutes sortes sont plus aimables que de coutume dans l'espoir d'un pourboire solide. De là vivante humanité [3] quoi' A l'amphithéâtre les "inservienti" ont affiché une poésie pour engager les étudiants à leur donner des étrennes: la dite poésie se termine par un accrostiche sur le mot "Mancia"!! Voilà le côté italien! — Ce qui est tout aussi italien c'est la dèche générale. On ne voit plus même de pièces d'argent: plus que des billets d'un franc & de gros sous. — On ne sait plus changer un billet de cent sous dans les plus grands cafés. — Aux gares on doit payer exactement & les trains partent en retard tant les échanges d'argent au guichet sont lents! Il faut vivre ici pour se convaincre du côté agaçant & vexant de toutes ces petites choses.
— Le temps était beau hier encore & très tiède: je suis allé me promener dans les montagnes. Il y avait une curieuse atmosphère de brume toute imprégnée de soleil qui noyait les détails ne laissant apparaître que le profil des montagres hérissées de maisons ou d'arbres. Dans la plaine au milieu du brouillard éclataient très lumineux les petits carrés jaunes des maisons qui prenaient par ce soleil tamisé une teinte presque orange.
Aujourd'hui le temps a été froid, gris, brouillardeux. Je plains Alfred & Hermann si c'est de ce temps-là qu'ils ont "joui" sur le lac de Garde. Je n'ai pas encore reçu de nouvelles d'eux. Cette idée aussi de s'en aller vers le Nord à cette saison-ci!
Je viens de lire dans la Revue universitaire (Je ne la reçois plus, crois bien! mais Alfred la reçoit encore) un éreintement modeste de la thèse de Saroléa.[4] Mais le plus beau de tout c'est que l'auteur y déclare (encore une fois!) qu'au point de vue pratique, artistique la dite thèse fait une très grande impression!!! Pauvre poésie! Eclairez-les, mon Dieu! ces infortunés aveugles!
— N'es-tu plus allé chez Denis le lundi soir? Ce serait une bonne occupation les jours où l'Ennui "ce monstre délicat" te tourmente. Contempler la balle d'Hector Denis est déjà une chose très réconfortante par elle-même. Et puis c'est un milieu assez sympathique., — Il est vrai que l'Ennui est un mal sans remède sûr, et quoique je me sois bien souvent trouvé dans un état de marasme profond je ne puis pas te fournir de moyen de guérison certain. Sic censet la faculté!
Je te serre condialement les pattes, cher vieux, et t'abjure le plus saintement & le plus mystiquement que je puis de prendre ton mal en patience et de repousser les tentations du démon!
[4]
Ton
(San) Giacomo

Annotations

[1] Zie ook brief 280, noot 8. I.v.m. de moeilijkheden die Vermeylen had aan de universiteit, zie de briefwisseling uit 1894 tussen hem en Dwelshauvers, o.m. in brieven van 20 januari 1894 (AMVC, M525/B, 113807/2) en 24 januari 1894 (AMVC (M525/B, 113807/1). Zie ook brieven uit die periode tussen Vermeylen en De Bom, b.v. van 31 januari 1894 (AMVC, 4655/B, 61077/342) en tussen Dwelshauvers en De Bom, b.v. van 25 februari 1894 (AMVC, M525/B, 83747/21).
[2] Agostino Marta.
[4] George Meyer, 'La liberté et le déterminisme dans leurs rapports avec la théorie d'évolution', in: Revue Universitaire, IV, 3 (15 dec. 1893), p. 120-126. De volgende vier delen van het artikel verschenen in nr. 4 (15 jan. 1894), p. 157-169; nr. 5 (15 febr. 1894), p. 200-209; nr. 6 (15 maart 1894), p. 267-275 en nr. 7 (15 april 1894), p. 315-330. Zie ook brief 262, noot 21.

Register

Naam - persoon

Bom, Emmanuel Karel De (° Antwerpen, 1868-11-09 - ✝ Kalmthout, 1953-04-14)

Bibliothecaris, journalist en schrijver. Medeoprichter van Van Nu en Straks. Gehuwd met Nora Aulit op 24/08/1901 in Antwerpen.

Denis, Hector (° Braine-le-Comte, 1842-04-20 - ✝ Brussel, 1913-05-10)

Socioloog en politicus.

Sterk geïnspireerd door de geschriften van markies de Condorcet, P.-J.Proudhon en A.Comte. Sedert 1878 hoogleraar aan de ULB, waar hij van 1892 tot 1894 ook rector was. Directeur van het Instituut Solvay (1897 - 1902). Socialistisch volksvertegenwoordiger (1894 - 1913). Had als theoreticus een aanzienlijke invloed op de Belgische anarchistische en socialistische bewegingen.

Dwelshauvers, (Jean) Jacques (° Brussel, 1872-07-09 - ✝ Montmaur-en-Diois (Drôme), 1940-11-14)

Kunsthistoricus en militant anarchist.

Broer van Georges Dwelshauvers en gezel van Clara Köttlitz, met wie hij in 1897 een vrij huwelijk aanging. Deed beloftevolle studies aan het Koninklijk Atheneum Brussel (afd. Latijn-Grieks), waar hij A.Vermeylen leerde kennen. Studeerde 1890-92 natuurwetenschappen aan de ULB (diploma van kandidaat in juli 1892). Met een beurs van de Jacobsstichting vatte hij in oktober 1892 studies in de medicijnen aan te Bologna, samen met de latere geneesheren Herman Köttlitz en Alfred Walravens. Hij verliet Bologna in 1897, zonder de hele cyclus te hebben beëindigd.

In hetzelfde jaar begonnen de eerste strubbelingen met Gust Vermeylen, i.v.m. diens huwelijk met Gaby Brouhon en de strekking en inhoud van Van Nu en Straks. Het jaar daarop maakte hij een nieuwe reis naar Bologna en Bergamo. In het voorjaar van 1899 trok hij met Clara naar Firenze, waar hij zich voortaan geheel aan kunsthistorisch onderzoek wijdde, geboeid door de figuur van Botticelli en de kuituur van het Quattrocento. Hij zou in Firenze ook nog de toelating hebben gevraagd zich voor de eindexamens geneeskunde aan te bieden, maar legde die nooit af. Zijn verblijf in en om Firenze (afwisselend te Calamecca en te Castello), dat tot 1906 duurde, werd regelmatig onderbroken voor reizen naar het thuisland, en naar Parijs.

In 1899 werd te Antwerpen trouwens zijn zoon Lorenzo (Jean-Jacques Erasme Laurent) geboren (op de akte tekende o.m. Emmanuel de Bom als getuige), en het gezin was er officieel ingeschreven aan de Montebellostraat 3 tot 1906. In dat jaar, verhuisden zij naar Colombes bij Parijs (Boulevard Gambetta 46, niet-geregistreerde verblijfplaats). Dwelshauvers, die zich intussen Mesnil noemde (naar twee dorpjes bij Dinant, de geboortestad van zijn vaders familie), onderhield er nauwe contacten met de anarchistische en internationalistische beweging. Hij verdiende de kost met het schrijven van reisgidsen, eerst bij Hachette (o.a. de Guide Joanne - na W.O.I Guide Bleu - over Noord-Italië), nadien bij Baedeker.

Tussen 1910 en 1914 vestigde het gezin Mesnil zich te Alfort bij Parijs, waar - gezien zijn moeilijkheden met de geheime politie - evenmin een officiële inschrijving werd genoteerd. Jacques Mesnil stierf in niet opgehelderde omstandigheden te Montmaur, waar zijn zoon toen zou hebben gewoond; hij leed toen al enkele jaren aan een hart- en nierziekte waarvoor hij o.m. door dokter Schamelhout werd behandeld. Behalve aan Van Nu en Straks werkte hij nog mee aan Mercure de France, La société nouvelle, Ontwaking, Onze kunst, Revista d'Arte, Gazette des beaux arts, Burlington Magazine, de Parijse krant L'Humanité en het Italiaanse Avanti. Een bibliografie kan men terugvinden in de geciteerde bronnen.

Koettlitz, Hermann (° Brussel, 1871-11-09 - ✝ Ukkel, 1950-03-27)

Geneesheer-chirurg.

Broer van Clara en Eugène Köttlitz. Studiegenoot van Frits Sano, Jacques Mesnil en A.Vermeylen aan de ULB. Verbleef ook met J.Dwelshauvers en A.Walravens vijf jaar (1892 tot 1896) in Bologna als beursstudent van de Jean Jacobsstichting. Promoveerde in 1908 te Brussel tot 'docteur spécial en sciences medico-chirurgicales'.

Marta, Agostino

? - ?

Voorlopig niets teruggevonden.

Sarolea, Charles (° Tongeren, 1870-10-25 - ✝ Edinburgh, 1953-03-12)

Hoogleraar, consul en publicist. Doctor in letteren en wijsbegeerte aan de UEL.

Studeerde er gedurende een jaar ook natuurwetenschappen. Werd in 1893 speciaal doctor in de wijsbegeerte aan de universiteit van Brussel met een controversieel proefschrift over vrijheid en determinisme m.b.t. de evolutieleer. Verkreeg studiebeurzen voor Palermo, Napels en Parijs. Had een zeer veelzijdige belangstelling. Werkte mee aan dagbladen en tijdschriften en schreef behalve zijn baanbrekende monografie over H. Ibsen nog tal van filosofische en politieke werken.

Vermeylen, August. (° Brussel, 1872-05-12 - ✝ Ukkel, 1945-01-10)

Hoogleraar, kunsthistoricus en schrijver. Medeoprichter van Van Nu en Straks. Gehuwd met Gabrielle Josephine Pauline Brouhon op 21/09/1897.

Walravens, Alfred (° Tubize, 1872-11-15 - °)

Geneesheer.

Leerling aan het Brusselse atheneum met o.a. Vermeylen, De Raet, Dwelshauvers en Legros. Studiegenoot van J.Dwelshauvers, H.Koetlitz en A.Vermeylen aan de ULB. Verbleef van 1892 tot 1896 in Bologna met een Jacobsbeurs.

Titel - krant/tijdschrift

Revue Universitaire

1891 -1898

Maandblad met enkele onderbrekingen in Brussel verschenen.

Werd achtereenvolgens uitgegeven door H. Lamertin en Weduwe Ferd. Larcier. De redactie berustte in 1891 bij de Brusselse student in de rechten E.Vinck en in 1892 bij zijn studiegenoot A.Hirsch; vanaf 1893 werd de redactie waargenomen door een driemanschap dat de universiteiten Brussel, Gent en Luik vertegenwoordigde. De stichting van de Revue Universitaire ging uit van de in 1887 te Brussel opgerichte Cercle Universitaire, die het contact en de samenwerking tussen enerzijds studenten en professoren en anderzijds tussen de verschillende faculteiten en zelfs universiteiten wilde stimuleren. Door de medewerking van professoren, docenten en studenten uit Gent, Brussel en Luik, fungeerde het inderdaad enige tijd als wetenschappelijk orgaan van deze drie universiteiten. Toch bleef de nadruk vallen op de activiteiten in de Brusselse universiteit. Na 1894 bevatte het tenslotte grotendeels nog slechts artikels en inlichtingen over de Université. Nouvelle (Brussel), omdat de meeste professoren, uit protest tegen de aandacht die de Revue aan deze alternatieve universiteit schonk, hun medewerking drastisch inkrompen.